Dans l'atelier d'Antonia, artiste céramiste

Pour Antonia Mappin-Kasirer, travailler la céramique, modeler l’argile et lui donner sa forme n’est qu’une partie du processus créatif. La voir en œuvre, utilisée par ses proches, c’est là que la pièce prend son sens et s'accomplit. Un peu comme quand l’on voit nos bijoux qui ont d’abord été dessinés sur un papier, puis modélisés en 3D et enfin façonnés à la main par des talentueux joailliers, finalement portés autour du cou, du poignet ou sur les doigts de nos clients. Quand la céramique et la joaillerie se rencontrent, les bijoux ne se portent plus sur la peau mais arrivent dans de délicats objets en argile parfaitement pensés pour les accueillir. À l’occasion de la collaboration entre AMK et MYEL, rencontrez l’artiste qui a façonné à la main et au Québec, les pièces idéales pour déposer vos précieux bijoux.
Peux-tu nous dire en quelques mots ce qui t’a poussé à te lancer dans la céramique ?
J’ai commencé une pratique en céramique lorsque j’étudiais l’histoire de l’art à l’université. Je passais mes journées à écrire sur des objets d’art de façon théorique en étant déconnectée de leur matérialité: je me suis donc tournée vers l’argile pour créer moi-même. Je suis la quatrième génération de femmes dans ma famille à faire de la céramique et je suis fière de perpétuer cette tradition.
Quelle est la matière et la technique que tu préfères utiliser pour créer ?
J’aime surtout créer sur le tour. C’est une technique qui demande une dextérité impliquant le corps au complet, comme danser avec l’argile.
Quel est ton environnement de prédilection pour t’installer et créer ?
J’ai eu la chance de construire un petit atelier de poterie dans les Laurentides l’an passé. Travailler la céramique au milieu de la forêt pendant une pandémie est quelque chose que je n’aurais sans doute jamais fait dans un contexte différent, mais qui s’est avérée une chance inouïe. Même si la vie retourne peu à peu à la normale, mon environnement de choix pour créer demeure en nature. J’aime aussi écouter la radio pendant que je travaille pour ne pas trop remettre en question ce que je fais et laisser place à l’instinct !
Quelle est la création dont tu es la plus fière, et pourquoi ?
Je suis surtout fière de mes créations quand elles sont en utilisation: par exemple, lorsque je vois ma mère boire dans une tasse que je lui ai façonnée. Pendant que j’apprenais la céramique avec Kinya Ishikawa, il m’a dit que les potiers ne font que la moitié du travail de création et que les pièces prennent leur sens complet lorsqu’elles sont utilisées et aimées par d’autres. Je pense souvent à cette idée de partage par l’objet.
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Comment et où trouves-tu l’inspiration pour créer tes modèles ?
Je réfléchis à l’utilité de l'objet - où mettre mes bagues avant de dormir, sur quoi servir un plat à partager entre amies — et à notre rencontre avec l'objet - comment la forme accommode la main, la sensation de l’émail au toucher. Ayant passé une année à vivre dans les Laurentides, j’ai beaucoup été inspirée par les couleurs et les textures qui m’ont entourées lors des différentes saisons. Le Québec a une communauté d'artistes céramistes absolument fantastique. Je suis toujours inspirée par les créations à l'exposition annuelle 1001 pots à Val-David.